

Centre d'Arts Visuels de l'Alberta
Laura St. Pierre
Laura St. Pierre est née à Saskatoon. Elle a étudié la psychologie à l’Université de la Colombie-Britannique et les beaux-arts à l’Université de l’Alberta ainsi qu’à l’Université Concordia. Sa pratique inclut la photo, la vidéo, l’installation et l’art public.
Mme St. Pierre habite à Saskatoon, le territoire visé par le Traité no 6, avec son mari, son enfant et ses trois chiens. Sa demeure abrite son atelier, son petit verger et son potager, de même qu’un refuge pour les oiseaux, les abeilles, les insectes et les plantes sauvages. Elle enseigne les arts visuels à l’Université de la Saskatchewan.
Propagation (Tout ce que tu changes te change). 2020, photo sur papier autocollant et vidéo HD en boucle, visionneuse binoculaire, 3:12
Pendant les dix dernières années, j’ai incarné un personnage fictif qui joue plusieurs rôles. Parfois il est le Rapailleur, en allusion au chiffonnier de Baudelaire, dont le métier est de reconnaître de la valeur dans les ordures des autres. Par la suite, il est devenu le Collectionneur, qui cueille et préserve la flore provenant de paysages en mutation. Dans mes nouvelles photographies, le personnage revêt un nouveau rôle, celui de Semeuse, lequel ne se concentre ni sur la construction ni sur la préservation, mais sur le jardinage. Ce travail récent dépeint des interventions dans le paysage urbain, où de petits jardins éphémères poussent dans des endroits improbables.
Ce projet est une recherche alimentée par mon enquête historique sur les jardins et la manière dont nous percevons notre relation au monde naturel. Des œuvres précédentes ont été fortement influencées par les écrits de Henry David Thoreau, qui considérait la nature et la culture comme des forces distinctes, la culture ayant une influence négative sur la nature. En contraste, Michael Pollan écrit : « Cette vieille idée nous a peut-être appris à adorer la nature, mais elle ne nous a pas dit comment vivre avec elle. Cela nous en dit plus que nous ne devions savoir sur la virginité et le viol, et presque rien sur le mariage. »
« Dans une série de nouvelles œuvres de Laura St. Pierre, des écosystèmes étranges et improvisés émergent dans des espaces urbains abandonnés, où une figure isolée semble nourrir la vie végétale. Cette figure, la Semeuse, avec de petites poches de verdure, tente de réanimer cet environnement sans vie. Comme il n’y a aucun signe d’abri pour la Semeuse, on suppose qu’elle pourrait être une sorte de jardinière-guérillero. Ces petits jardins sont soigneusement entretenus et semblent vulnérables à la fois aux éléments et aux intrus, accentuant davantage un sentiment de solitude et de persévérance, peut-être même une forme de résistance.
Debout devant la photographie panoramique dans la galerie, le viseur binoculaire d’un touriste joue une courte vidéo. Le dispositif de visualisation crée une distance suggérant que le public n’est pas directement impliqué dans ce qui se déroule, mais obtient un aperçu de l’avenir. Alors que nous faisons face au précipice de la catastrophe environnementale, le mouvement des jardins et des jardins urbains pourrait être un moyen de repositionner une relation de collaboration avec le monde naturel. Peut-être que la Semeuse cultive non seulement de la nourriture, mais elle contribue à leur alimentation psychique à travers ce lien artificiel avec la nature, à la recherche d’un nouveau chemin parmi les ruines de la société contemporaine. » Sandra Fraser, Catalogue pour BorderlLINE, Biennial of Contemporary Art, 2020