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Anne Brochu Lambert

J’ai grandi au Québec, tout près des rives du fleuve Saint-Laurent, et me suis établie à Regina, en Saskatchewan, en 1986. Je détiens un diplôme d’études collégiales en arts et lettres, ainsi qu’un baccalauréat en histoire et journalisme, ce qui explique sans doute ma fibre humaniste. 

Je tiens toujours à enrichir ma pratique artistique, comme en témoigne ma résidence de deux mois en Italie, en 2009. Cette expérience m’habite encore, parce qu’elle m’a révélé mes affinités pour la peinture, l’introspection et le motif du paysage métamorphosé par l’activité humaine. 

Aujourd’hui, mon approche privilégie les techniques mixtes, l’interdisciplinarité et le multimédia, mis au service du propos, alliant peinture, estampe, dessin numérique, collage, photographie, travaux textiles et installation. Il s’agit d’une vision sans frontières que je transpose aussi dans mon activité d’enseignante en arts.
 

Voix et passages

Mes recherches et projets artistiques au fil des ans ont abordé la déconstruction du motif du paysage, la malléabilité de la mémoire et la vulnérabilité du corps humain. Plus récemment, les rituels de passage des savoirs entre générations se sont retrouvés au cœur d’une série encore en évolution. C’est dans ce cheminement que s’inscrit mon installation multimédia, « Voix et passages », dont la teneur biographique ainsi que l’envergure technique m’ont menée à un travail d’investigation, de réflexion et de création pendant plus de quinze mois. 

 

L’œuvre raconte de manière métaphorique le parcours entrelacé de quatre générations de femmes francophones issues de ma famille, toutes traçant leur voie, s’appuyant l’une sur l’autre, employant leur créativité pour transmettre l’essence de leurs aspirations ; un trajet qui explore les limites tout comme les possibilités offertes par la société qui nous a vu grandir.

 

De ma grand-mère paternelle qui m’a appris à tenir l’aiguille à ma mère qui m’a transmis le goût de l’écriture et du chant, de mon parcours en arts visuels jusqu’à ma fille, grande héritière de tous ces modes d’expression et qui aujourd’hui monte sur scène pour porter sa parole ou celle des autres, je conçois l’existence d’un fil d’Ariane très fort, un fil rouge, qui trace les liens du sang, qui court, danse et se métamorphose en poème sur la toile. 

 

La filiation féminine est transposée dans ce triptyque composé de deux panneaux latéraux qui encadrent un élément central plus grand, réinterprétant la structure classique d’un retable. L’approche abstraite permet d’évoquer paysages intérieurs et vaisseaux dématérialisés, symboles de passage et de voyage. La filiation se décline aussi au moyen de techniques mixtes inspirées tant des travaux domestiques que de la gamme du peintre. L’incorporation d’une variété de matériaux est aussi porteuse de sens, comme ce fragment de courtepointe, ce fil à broder ou ce papier tiré de patrons anciens. Trois photographies, emblématiques, trésors retrouvés des albums de famille patiemment rehaussés, évoquent des expériences fondatrices. Diaphanes, elles ont été transposées sur voile, évoquant nos vies en surimpression.

 

Enfin, l’installation s’enrichit d’une expérience auditive pour qui s’y investit de plus près; le mouvement déclenche la lecture de l’un des quatre fragments sonores, où s’entrelacent passé et présent, paroles et chants, sons et tranches de vie. Cette dimension, soudainement dévoilée, donne véritablement sa voix à l’ensemble.

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